L’ONF EN PERDITION : OÙ VA LA FORÊT FRANÇAISE ?
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Face aux conséquences, chaque jour plus présentes, du dérèglement climatique, le gouvernement persiste à réduire les moyens dédiés à la forêt publique.

Le Projet de Contrat Etat ONF, qui vient d’être présenté aux instances nationales pour la période 2021–2025 ; prolonge la dérive engagée depuis trois decennies à travers la diminution des effectifs – déjà divisés par deux, en vingt ans – et qui prévoit de nouveau 475 suppressions de postes.

De plus, on assiste à une privatisation rampante à travers le remplacement des fonctionnaires assermentés par des salariés de droit privé, mettant ainsi en cause l’éthique de gestion durable que l’ONF devrait mettre en œuvre.

Les communes forestières seront concernées, dont l’ONF gère les 2, 6 millions d’hectares de forêt, puisque le contrat prévoit une nouvelle fois de solliciter ces dernières pour soutenir l’ONF par une contribution additionnelle de 10 M€ par an, soit une augmentation de 36 % avec un service en baisse, suppressions de postes oblige.

Si l’Etat voulait pousser les communes à se séparer de l’ONF pour choisir un autre gestionnaire…il ne s’y prendrait pas autrement.

Enfin, sur le plan des paramètres économiques, si l’Etat s’engage à maintenir son versement compensateur (qui équilibre, précisément le déficit de gestion par l’ONF des 2,5 millions d’ha de forêts des collectivités), il sera, de fait en baisse, comme depuis plus de 40 ans car non révalué en fonction de l’inflation.

Le financement par le bois, principale ressource de l’ONF n’est également pas assuré, d’une part en raison de la baisse régulière des recettes des ventes (328 M€ en 2019, 294 au budget prévisionnel 2021), mais aussi parce que les forêts domaniales ne peuvent plus produire plus, ayant déjà largement mises à contribution ces dernières années.

Cette situation est appelée à se évoluer encore, car, comme l’a souligné la mission interministérielle de 2019, les données financières de la gestion forestière sont appelées à se dégrader avec le changement climatique.Les recettes seront en baisse du fait d’une récolte de plus en plus marquée par des proportions importantes de bois morts, dépréciés, mis en vente par afflux (crises sanitaires, tempêtes) et une diminution de la productivité des forêts. A résultat technique constant les dépenses sont appelées à augmenter du fait d’échecs techniques devenant plus fréquents. Dans ce contexte à venir, comment équilibrer financièrement les activités de gestion?

L’ONF devra par ailleurs assurer la rentabilité en coût complet de son activité concurrentielle et des filiales.

A l’heure où la forêt est à la fois menaçée par le dérèglement climatique (incendies, tempêtes, dépérissement, insectes) et plus que jamais essentielle à la captation du carbone atmosphérique, les gouvernements successifs ont volontairement déstabilisé financièrement l’ONF, accentué la logique industrielle et commerciale qui est la grande gagnante de ces évolutions. Pourtant, les conclusions du récent rapport d’Anne Laure CATTELOT réalisé à la demande du Premier Ministre mettaient clairement en avant la nécessité de créer une grande entité ministérielle chargée de la forêt afin de mener une ambitieuse politique forestière dans toutes ses composantes de protection, de biodiversité, de garantie de gestion.

EELV réclame depuis de longues années, un nouveau statut pour l’ONF : Un vrai service public forestier financé directement par l’Etat ; ses activités commerciales devant être séparées de la gestion publique et de ses missions régaliennes. L’établissement doit rejoindre au sein d’une grande agence les autres services nationaux en charge de la forêt et de la biodiversité afin d’y assurer une véritable gestion durable et des missions d’expertise, de contrôle et d’éducation et recruter d’urgence des fonctionnaires assermentés sur le terrain pour y assurer ces missions en toute indépendance éthique.